A l'occasion d'un congrès rassemblant plus de 7OO paysans en 2OO5 autour du thème "dessine moi ton territoire en 2O5O", j'ai écrit cette nouvelle sur nos campagnes en pleine renaissance.
Dans les années 5O, on quittait la campagne silencieuse. Aujourd'hui, la campagne se voit revisitée et réinvestie.
Des citadins s’installent de manière composite autour des dernières fermes agricoles. Cette cohabitation est porteuse de renouveau culturel et social à condition de l’envisager autour de l'échange et de se défaire des stéréotypes qui nous paralysent. Des citadins viennent les mains pleines et les agriculteurs ont autant à partager. Qu'ils soient de la ville la plus proche, paysans ou américains comme Déborah, chacun vit déjà au cœur de cette renaissance rurale
La campagne a ses spécificités qu'elle doit préserver tout en innovant mais en se gardant de l’idéalisation. Piège dangereux. Sous la poésie, le charme et l’élégance, il y a nécessairement la vie matérielle, les difficultés, la grisaille à résoudre ensemble. Cette nouvelle ruralité porteuse de potentiels annonce un futur déjà présent. A ne pas rater, à ne pas manquer.
Deborah est américaine, elle débarque dans notre campagne française a l'occasion du salon international agricole francais, le SPACE. Sous la fantaisie, des clins d'oeils pertinents. Les rires fusent mais la réalité demeure. Celle de pouvoir vivre autrement à la campagne des aujourd'hui.
Extrait choisi
Ye, my name is Deborah…
je m’appelle Deborah et comme beaucoup d’Américains, je rêvais d’aller en Europe visiter ces terres où mes ancêtres étaient nés. Le 2 avril 2O55, mon rêve se réalisait enfin. Je quittais New York à 6 heures du matin pour me rendre en Bretagne, invitée par le conseil régional à l'occasion du SPACE 2055.
Après six heures de vol, j'arrivai à Roissy. Là, un douanier m’envoya directement en salle de décontamination. Le type, un jeune anglais, m’inspecta très intimement sous toutes les coutures et je n’ai pas protesté. J’étais à cet âge où l'on est persuadé qu'une rencontre peut faire basculer votre vie. J’étais surtout à cet âge de ma vie où les regards des hommes ont le pouvoir de faire de vous la seule, l’unique parmi les autres.
Fatiguée mais très excitée, j'ai pris ensuite un train jusqu'à Sainte Honorine où m'attendait Madame le maire, le conseil municipal, (que des femmes), ainsi que trois vaches.
Visiblement impressionnées par ma taille, elles me regardaient, ahuries. (..)
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